Jean Fontenoy

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Jean Fontenoy
Jean Fontenoy en 1938.
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Jean Fontenoy, né à Fontainebleau le et mort le à Berlin, est un journaliste et écrivain français, membre successivement du Parti communiste français, puis du Parti populaire français de Jacques Doriot. Engagé dans la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale, il périt durant la bataille de Berlin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans un milieu social défavorisé, d'un père alcoolique, il effectue de brillantes études.

Il est très influencé par le mouvement dadaïste à la suite de la lecture des Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire.

En , il s'engage pour quatre ans et obtient la croix de guerre et les galons de sous-lieutenant dans la cavalerie d'artillerie de montagne, suivant ainsi son ami, le philosophe Brice Parain, communiste jusque dans les années 1930[1]. Démobilisé, il apprend le russe et traduit Tolstoï.

En 1924, il est le correspondant de l'agence Havas à Moscou, dont il crée le bureau sur place, avant d'être envoyé en Chine en 1927, où il fonde le Journal de Shanghaï[2]. Il suit notamment le général Tchang Kaï-Chek dans ses campagnes. Il y devient alcoolique et opiomane[3]. Il épouse Lizica Codreanu, une danseuse roumaine dont il a un fils[4]. En 1935, il divorce de Lizica, pour se remarier avec la célèbre aviatrice Madeleine Charnaux (1902-1943), détentrice du record d'altitude en 1934, qui avait été d'abord épouse de l'écrivain Pierre Frondaie[5]. Il devient antistalinien, on l'accuse d'être venu à Moscou comme espion. Il est alors renvoyé d'Havas.

Dans les années 1930, il devient écrivain. C'est son ami Brice Parain qui le fait entrer à La Nouvelle Revue française dans laquelle, dès 1933, il dénonce le nazisme.

Revenu en France en 1934, il s'inscrit au Parti populaire français de Jacques Doriot en 1937, qu'il quitte après les accords de Munich . Ayant besoin d'argent pour acheter ses doses d'opium, il se rapproche des réseaux de Pierre Drieu la Rochelle, dont le comité « Allemagne-France » présidé par Otto Abetz, qui le rémunère pour sa collaboration à des journaux allemands.

Fin 1939[6], pendant la guerre soviéto-finlandaise dite guerre d'hiver, il s'engage dans l'armée finlandaise comme lieutenant d'infanterie d'assaut à ski. Il a très vite le visage gelé et le maréchal Mannerheim, commandant en chef des forces finlandaises, lui offre un poignard d’honneur.

Collaboration[modifier | modifier le code]

Rapatrié à Paris, en , il se rend à Vichy, pour servir d’intermédiaire entre Abetz et Laval et se lance dans la Collaboration. Collaborationniste convaincu, il joue les intermédiaires entre le chef du gouvernement Pierre Laval et l'Allemand Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne en France, qu'il connaît bien. Dans l'orbite d'Eugène Deloncle, le fondateur de la Cagoule, il participe à la fin de l'année 1940 à la création du Mouvement social révolutionnaire qui fusionne avec le Rassemblement national populaire en . Il est alors un des cinq membres du Comité directeur du nouveau parti. Dès la défaite de la France et l’arrivée des troupes allemandes à Paris, il se met au service de l’ennemi et fonde un des premiers journaux de la collaboration, l’hebdomadaire La Vie nationale dont le premier numéro sort en . Cette feuille sera suivie de plusieurs autres : Lectures 1940, un mensuel dont le premier numéro sort en août, La France au travail qui exprime la pensée des collaborateurs de gauche, et Révolution nationale en 1942, dans lequel écrivent Robert Brasillach et Pierre Drieu la Rochelle.

Lieutenant de la Légion des volontaires français (LVF), il est envoyé brièvement sur le front de l'Est en , avant de revenir à Paris où il redevient journaliste pour l'hebdomadaire Révolution nationale. En 1942, il est nommé chargé de mission par Laval en Allemagne, puis en , directeur général adjoint de l'Office français d'information.

Devant la défaite des nazis, rongé par le désespoir et par l'opium[7] et après un bref séjour à Siegmaringen, il se suicide à Berlin le jour de l’entrée des troupes soviétiques le ou le [8], en avalant une dose de cyanure ou, selon d'autres sources, en se tirant une balle de revolver[9] dans le cœur d'après Marc Augier, alias Saint-Loup, dans son livre de souvenirs Götterdämmerung. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Traductions du russe[modifier | modifier le code]

Essai[modifier | modifier le code]

  • L'École du renégat, Gallimard, 1936.

Romans et récits[modifier | modifier le code]

  • Cloud ou le communiste à la page, Grasset, 1937 (réimp. 2014).
  • Shanghai secret, Grasset, 1938 (réimp. 2014).
  • Songe du voyageur, Grasset, 1939 (réimp. 2000).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Burrin, La Dérive fasciste : Doriot, Déat, Bergery, 1933-1945, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 325), (1re éd. 1986), 585 p. (ISBN 2-02-058923-0, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Gérard Guégan, Fontenoy ne reviendra plus, Stock, 2011. Prix Renaudot de l'essai.
  • Philippe Vilgier, Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain, Via Romana, 2012 [présentation en ligne]. Celui-ci lui consacre également une courte monographie (8 pages) dans l'ouvrage collectif, paru en 2019, "Les maudits, ces écrivains qu'on vous interdit de lire", sous la direction de Pierre Saint-Servan / Editions La Nouvelle librairie, collection Livrarbitres (ISBN 978-2-491446-02-4).
  • Tanguy L'Aminot, « La main cachée : l’antirousseauisme d’Henri Morice, Jean Fontenoy et Charles Maurras », Rousseau Studies, n° 1, « Antirousseauismes », 2013, p. 131-148.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Il est un des personnages centraux du roman d'Yves Pourcher Trois coupes de champagne (Grasset 2009).

  1. Jérôme Garcin, dans Le Nouvel Observateur du 10 février 2011, expose qu'« un homme, un seul, fut fidèle à Fontenoy, c'est l'écrivain, philosophe et communiste Brice Parain. Ils s'étaient connus sur les bancs d'un collège de Seine-et-Marne. Parain amena Fontenoy à la NRF et lui pardonna ses folies, jusqu'à la guerre, où leurs destins divergèrent. Après le suicide de son ami, l'auteur de La Mort de Jean Madec rendit un troublant hommage à celui qui n'avait pas « triché avec la littérature » et qui préféra « devenir une crapule plutôt qu'un protégé de Paulhan ». Tout est dit, en effet. Reste à le prouver. Ce à quoi s'emploie aujourd'hui Gérard Guégan, avec une opiniâtreté de détective privé. Il a relu les livres de Fontenoy, les meilleurs comme les moins bons, écumé les archives et même rencontré François, son fils unique. »
  2. Numéros du Journal de Shangaï accessibles dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
  3. La bataille de Fontenoy Le Nouvel Observateur, 14 février 2011
  4. « Renaudot essai: la bataille de Fontenoy », sur Bibliobs (consulté le )
  5. Malade de la tuberculose, celle-ci s'éteint en 1943, à Paris
  6. cyclope www.cyclope-studio.com, « Via Romana - fiche - Jean Fontenoy », sur www.via-romana.fr (consulté le )
  7. Christian Laporte, article Jean Fontenoy dans le Dictionnaire historique de la France sous l'Occupation, sous la direction de Michèle et Jean-Paul Cointet, Tallandier, 2000, p.307.
  8. « Le 'Jean Fontenoy' de Philippe Vilgier » (consulté le )
  9. « Front de l’Est - Le chemin sous les buis », sur Le chemin sous les buis (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]